Quelques questions que
vous pourriez me poser...
Présentation
Je
m'appelle Aminata Diallo, je suis professeur de Philosophie au lycée Ouezzin
Coulibaly de Bobo -Dioulasso 2e ville du Burkina Faso. C'est un grand lycée de
plus de 60 classes avec plus de 4500 élèves. Je suis également Présidente et
fondatrice d'une Association qui s'appelle MAÏA (c'est à dire Humanisme en
langue nationale Dioula).
Comment se déroule ma journée?
Les
jours ouvrables, je donne des cours dans des classes de Terminale et de Première
avec plus de 80 élèves par classe. Les week-ends, je supervise des groupes de
parole dans les quartiers et villages environnants de Bobo. Dans ces groupes de
paroles, les animatrices qui ont été formées par le MFPF (Mouvement Français
Pour le Planning Familial) sensibilisent les femmes et les jeunes filles sur les
questions liées à leur santé et à leurs droits. Je m'occupe aussi des petites et
des jeunes filles de mon Association que des Belges, Italiens, Français et
Suisses parrainent. Visite à domicile, réunion, écoute...
Pourquoi travailler avec les enfants?
Pour
plusieurs raisons.
Premièrement parce que c'est notre avenir et deuxièmement parce que c'est une
frange vulnérable de la société. La situation des enfants est caractérisée par
une extrême précarité. De nombreux enfants du fait de la pauvreté endémique ne
s'épanouissent pas. Il faut donc les aider à grandir, à s'épanouir et à accéder à
une certaine autonomie financière.
Les conditions des femmes dans mon pays?
La
situation des femmes dans mon pays comme en Afrique d'une manière générale est
préoccupante. Beaucoup de contraintes les accablent. Les conceptions
traditionnelles contribuent à porter préjudice aux femmes (Excision, mariage
forcé, mauvais traitements...). Au niveau de l'instruction, les inégalités sont
criantes. La moitié des filles scolarisées ne franchissent pas le seuil du
Secondaire. C'est en milieu rural que l'on trouve le plus grand nombre
d'analphabètes. La situation sanitaire est également préoccupante. Les femmes
ont des difficultés d'accès à la santé à cause de leur pauvreté et du manque
d'infrastructures sanitaires. Avec cette pauvreté accablante, l'accès des femmes
aux facteurs et moyens de production se pose avec acuité. L'autonomie financière
pour beaucoup de femmes est un rêve inouï.
Travailler à l'étranger?
J'avoue que je n'y ai jamais pensé. Je pense que la meilleure façon pour moi
d'aider cette jeunesse c'est d'être à côté d'eux, de toucher du doigt leur
réalité. Je fais partie de ces privilégiées qui ont eu la chance d'aller à
l'école et de se construire un avenir. Je veux partager cette expérience,
montrer aux jeunes filles en difficultés que la voie de la réussite pour nous
femmes Africaines passe par l'instruction.
Qu'est-ce qu'il faut faire pour aider l'Afrique ?
Pour
moi, l'aide à ce continent passe par la femme. Ne dit-on pas "qu'éduquer une
femme c'est éduquer une Nation" ? Faisons tous en sorte que cela soit une
réalité. Arrêtons un peu nos discours formatés sur des objectifs qui arrivent à
échéance sans être atteints. Menons des actions concrètes prioritaires pour
parvenir à une véritable promotion de la femme. Investissons dans l'éducation et la formation des femmes et des jeunes filles pour permettre l'acquisition des
connaissances et autoriser l'acquisition d'une ouverture d'esprit. Favorisons la
promotion des activités économiques pour leur émancipation et pour accroître
leurs revenus. Informons les sur leurs Droits et Devoirs pour qu'elles puissent
lutter contre les pesanteurs sociologiques et les formes de violences dont elles
sont victimes. Je voudrais ici remercier tous les parrains, marraines et
partenaires de notre Association qui ont cru à notre projet et qui nous
soutiennent depuis sa création. Grâce à leur soutien, nous avons pu sauver
certaines filles qui aujourd'hui peuvent se prendre en charge financièrement,
sont informées sur leur santé sexuelle et reproductive et sur leurs droits.
Chaque fille sauvée sera pour nous une victoire !
Encore des projets ?
J'ai des projets pour les
enfants :
- Création d'un foyer pour jeunes filles
- Création d'une maison d'hôtes pour permettre à l'Association d'être autonome,
de se prendre totalement en charge.
Est-ce je suis une femme heureuse?
Je
suis heureuse à chaque fois que j'arrive à redonner le sourire à un enfant, à
une jeune fille-mère en détresse. Heureuse lorsqu'un enfant me dit "je ne savais
pas que quelqu'un pouvait m'aimer". La tâche est noble mais immense. Je ne suis
pas seule et comme j'aime à vous le dire c'est vous ma force. Mon énergie, je la
puise auprès de vous tous. Dans votre soutien moral, dans votre aide matérielle
qui permet à nos enfants d'aller à l'école, d'avoir au moins un repas par jour,
de se soigner et d'espérer en leur avenir.